En septembre 2012, Pierre Alonso et Andréa Fradin, journalistes du site (ex) Owni soulevaient un lièvre que le gouvernement français aurait voulu garder « Confidentiel défense », une plateforme prévue en France, pour centraliser les écoutes téléphoniques, surveiller Internet… bref des petits curieux indésirables, indésirés et intrusifs sur nos libertés d’expression déjà malmenées ces temps-ci.
Le 30 avril – ce mardi – , ils sont convoqués tout deux en tant que « témoins » à la Direction Centrale du Renseignement Intérieur – DCRI – , à Levallois-Perret, pour « une affaire les concernant »… comme on dit dans le jargon de la maison poulaga. Il semble que cette « invitation » à être entendu ressort dans le cadre d’une « enquête préliminaire à la demande du parquet ». Et cerise sur le gâteau, ils sont par la même, prévenu qu’un refus ou oubli d’y répondre tomberait sous l’article 68 du code de procédure pénale, et donc, mènerait à une comparution contrainte. Traduction: « tu te pointes fissa petit con, ou j’envoie mes pandores t’alpaguer en moins de temps qu’il n’en faut pour tabasser un gauchisss! » Il n’y a pas de précision sur le motif de la convocation… mais tout indique que c’est en lien avec leur article sur ces saloperies d’écoutes.
PNIJ ?
La PNIJ centralise TOUT sur sa « cible » l’identité d’un abonné, la liste de ses appels – reçus et passés – , le contenu de ses conversations, le détail de ses SMS ou de ses E-mails, les pages internet qu’il a consultées, l’inventaire de ses achats en ligne, ses données de géolocalisation ». Les procès-verbaux d’enquête le concernant – même comme témoin ou victime. Tout au même endroit – gardé secret – , alors qu’aujourd’hui, ces données sont dispersées sur 350 centres d’écoutes locaux. Les logiciels permettant d’intercepter et de trier les communications internet sont ceux qui ont été vendus par la société Amesys à Khadafi – LE fameux logiciel Eagle par ex. – pour surveiller et réprimer son peuple avant sa chute – Amesys, Thalès… des sociétés qui surfent dans les eaux troubles du renseignement informatique et qui ont de nombreux « arrangements » avec les états. La morale ne les étouffe pas vraiment, ils coopèrent et offrent leurs services à tous, dictateurs et agences gouvernementales bienvenus…
Le pourquoi de cette convocation… « confidentiel défense »
Bon, clairement ce qui justifie cette enquête est la mise en ligne – sous forme d’un PDF téléchargeable – d’un document classé « confidentiel défense » contenant tous les détails techniques de cette Plateforme Nationale des Interceptions Judiciaires (PNIJ). Ce PDF avait, à la parution de l’article, été publié sur la plateforme Scribd pour être lu sur Owni, mais avait disparu après deux semaines, à la demande d’un membre de la DCRI… Owni avait alors remis le document PDF en annexe de l’article. Owni, site pionnier sur le data-journalisme, a consacré de nombreuses enquêtes et analyses aux questions d’écoutes, de surveillance, de technologies d’espionnage, traquant les tendances liberticides qui sont la tentation de tous les États soit-disant démocratiques. Il est encore une fois intéressant de constater que les médias mainstream sont restés plus que discret, pour ne pas dire muet, sur le sujet… le syndrome du larbin probablement.
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Voici l’article de Owni du 13 septembre 2012, sur la nouvelle plateforme d’écoutes téléphoniques, le site est fermé mais toujours consultable.
Et bien sur, le fameux PDF : PNIJ confidentiel défense écoutes judiciaires.pdf
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En guise de piqûre de rappel: Cryptage, Truecrypt, PGP, Tor and co. sur PDS et Écoutes et filatures par téléphones et GPS sur le site du SR
PS: Ouf, après un demi-heure de recherches, j’ai enfin retrouvé le lien – sur le site de secours rouge – de la conférence de J-C Paye, au squat Gésù en 2010, sur rado panik: les « techniques spéciales d’enquête » belges