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De terroriste à héros planétaire

Alors là, je ne comprends plus rien. Les hommages hypocrites pleuvent sur la tombe de « Madiba » comme s’il était un héros pour tous. On oublie presque ou on feint d’oublier qu’il n’a jamais été du même du bord que les oppresseurs, ni parmi leurs mercenaires de réserve. Rappelons que Madiba a toujours été du côté des opprimés, qu’il a été un fervent défenseur de la cause palestinienne. Rappelons aussi que l’ANC a été considéré comme une organisation terroriste par les Américains et la plupart les pays occidentaux, que tous les états réputés racistes, colonialistes et criminels collaboraient en bonne intelligence avec le régime d’apartheid. L’Occident hégémonique a perdu sa guerre abjecte contre un mouvement de libération, mais l’occident, comme à son accoutumée, récupère tout ce qu’il peut des symboles de ses adversaires pour en faire de la quincaillerie au service de sa doctrine des bonnes intentions. On efface l’image du révolutionnaire qui défendait la légitimité de résister à l’oppression par tous les moyens, y compris par la lutte armée, pour ne retenir que l’homme de paix ; on occulte son soutien à la cause palestinienne sous la figure d’une Pop star courtisée et prise en photo aux côté de tous les grands hypocrites en mal de reconnaissance. Mais toute l’idéologie sous-jacente à cette récupération n’effacera jamais le vrai sens du combat de Madiba pour la liberté et la dignité de son peuple»

Madiba, de son nom tribal signifiant « le fauteur de troubles », est mort. Lorsqu’un homme de 95 ans disparaît, on dit qu’il a eu « une belle vie ». Mais peut-on affirmer cela au vu du parcours de Nelson Mandela ? Non. Celui qui, enfant, labourait et gardait les moutons au Transkei, bantoustan[i] des anciennes provinces du Cap, ne profita pas pleinement de ses années d’existence. Combattant pour la liberté, il paya 27 ans de la sienne pour obtenir celle des autres. Qualifié de  « terroriste » au milieu sa vie, il l’achève en « héros de l’humanité ». Le tout dans un barnum médiatique hypocrite confortant une grave amnésie politique …

Nelson Mandela, matricule 446-64 à Robben Island

Nelson Mandela, matricule 446-64 à Robben Island

Aujourd’hui, le monde entier salue le départ d’un homme d’exception. Plus discrètement, beaucoup témoignent de son immense fierté, de son allure de dandy, de sa susceptibilité, de son arrogance lors de ses études de droit à Johannesburg. Mais ses camarades de l’époque expliquent cette fierté comme une réaction aux humiliations subies dans un système ouvertement raciste. Une de ses amies se souvient de son indignation dans le bureau où il effectuait son stage d’avocat, où la ségrégation allait jusqu’aux tasses de thé : des tasses spéciales pour les blancs et des tasses plus laides pour les noirs, peu importe leur statut…

Mandela est donc le fruit d’une indignation et décide de désobéir face à l’injustice. Il s’est farouchement battu pour les revendications légitimes de sa population : le droit au logement, à la liberté d’expression, à l’égalité. Mandela a lutté pour que l’Afrique du Sud appartienne à tous ceux et celles y vivent : noirs, blancs, métis, Indiens. Il a milité afin que le peuple gouverne, qu’il profite des richesses du pays, que tous les citoyens soient égaux en droits, pour que l’éducation et la culture soient accessibles à tous, que la sécurité et l’emploi soient assurés. Il voulait que les Blancs comprennent que leur propre avenir, leur propre liberté seraient garantis à condition  qu’ils donnent la liberté aux Noirs et partagent avec eux le pays.

Est-ce bien cet ardent défenseur de la liberté qui est aujourd’hui salué par Marine Le Pen ? La fille de Jean-Marie qui, président du FN en 1990, déclarait à la libération de Mandela : « Cela ne m’a ni ému, ni ravi. J’ai toujours une espèce de méfiance envers les terroristes, quel que soit le niveau auquel il se situe »[ii] ? Est-ce bien cet homme, combattant pour l’égalité, qui est aujourd’hui salué par le Premier ministre britannique, David Cameron, digne héritier de Margaret Thatcher ? Celle qui affirmait : «l’ANC est une organisation terroriste type… Quiconque croit qu’elle va gouverner l’Afrique du Sud est dérangé» et qui, par ailleurs, n’a jamais soutenu l’égalité en quoi que ce soit ? S’agit-il aussi du même Cameron qui se rendit en 1989 en Afrique du Sud, pour le compte « d’une société chargée de faire du lobbying contre les sanctions imposées au régime sud-africain qui pratiquait alors l’apartheid »[iii] ? Est-ce encore Mandela qui est désigné comme « un résistant exceptionnel » par l’impopulaire président François Hollande ? Alors que la résistance du leader de l’ANC fût également tournée contre la France qui a soutenu durant des décennies l’apartheid sud-africain ?

Est-ce toujours ce militant pour la Justice qui reçoit un hommage virtuel de la part d’une des premières entreprises américaines : Google ? Alors que les gouvernements nord-américains ont soutenu quasiment jusqu’au bout l’apartheid ? Et est-ce aussi ce « nègre des champs » qui se fait applaudir par le « nègre de maison » qu’est Obama ? Barack, l’imposteur : essentiellement élu sur base de la couleur de sa peau et de ses formidables capacités d’acteur hollywoodien…

Le premier président métis des USA tenta désespérément de rencontrer peu avant sa mort celui qu’il l’a, soudain, « tant ému ». Des semblants de sourires ont dû se dessiner sur les visages de la famille Mandela lorsqu’ils lui ont répondu : « Non,  Monsieur le Président, malheureusement, ce ne sera pas possible : Madiba est malade ». La vérité est que le lion Mandela renâclait à l’idée de serrer la  main du sosie politique de Michael Jackson … Comment Mandela, malade, aurait-il pu supporter de voir Barack, l’esclave « noir » au service d’une Amérique blanche, s’agenouiller devant lui alors que, toute sa vie, il a refusé de subir pour lui-même cette infamie ?

Tous ces hypocrites n’ont-ils pas honte ? Ils devraient, pourtant.

Car l’actuelle adoration de la majorité des politiciens occidentaux vis-à-vis de Mandela relève de la mascarade honteuse. Celui qui fut désigné comme un «terroriste », un « allié des communistes », devient soudain un « héros », un « symbole ». Du grand cinéma sur fond d’amnésie politique !

En premier lieu, chez nous, en Belgique. Exemple : Jean Gol, ex-ministre de la justice, éternel complice du tyran congolais et pro-apartheid Mobutu, mentor du député européen Louis Michel, lui-même paternel de l’actuel président du MR (Mouvement Réformateur), Charles Michel. Jean Gol, donc, fut l’un des principaux hommes politiques belges à considérer Nelson Mandela comme une « menace terroriste ».

N’oublions pas non plus le lobby pro-apartheid au Parlement belge, agissant sous le nom de Protea. Parmi ses membres-fondateurs, on pouvait compter 18 députés du CVP (Christelijke Volkspartij – ancêtre de l’actuel CD&V) ; 18 parlementaires et responsables de la Volksunie (le parti nationaliste flamand dont est issu l’actuel N-VA de Bart De Wever) et 8 parlementaires du PVV (Partij voor Vrijheid en Vooruitgang – l’actuel parti libéral Open VLD). [iv]

On se souviendra également du grand rôle que la Belgique a joué dans l’accès à l’arme nucléaire pour l’Afrique du Sud de l’apartheid ; en collaboration avec la France, les États-​​Unis, la République Fédérale Allemande (RFA), Israël et le Japon. Avant de devoir signer, suite aux multiples protestations, l’embargo international. Mais trop tard. Certes, l’Afrique du Sud a renoncé à l’arme atomique et signé le Traité de non-​​prolifération nucléaire mais elle reste l’unique pays africain à disposer d’une centrale nucléaire, située à Koeberg. Centrale qui fonctionne toujours avec l’aide des entreprises françaises …

A l’instar d’Ernesto Che Guevara, Salvador Allende et Patrice Lumumba, Nelson Mandela eut droit à l’effrayant sobriquet octroyé par le pouvoir dès qu’on tente de le faire tomber : terroriste. Pendant longtemps, ces ardents défendeurs de la liberté et de l’autodétermination de leur peuple furent en effet listés par le Congrès américain comme terroristes. Jusqu’en 2008, le nom de Nelson Mandela et celui de ses compagnons de l’ANC figuraient sur la liste des personnes à surveiller dans les bases de données de l’immigration américaine…

Dès lors, une question s’impose : les terroristes d’aujourd’hui sont-ils les héros de demain ?

Rappelons à nos politicien(ne)s amnésiques que, jusqu’au milieu des années 80, les « pères » de ceux qui saluent Mandela aujourd’hui jugeaient qu’il ne fallait « pas prendre de sanctions » contre l’Afrique du Sud car c’était « contre-productif » … Il fallut attendre l’immense succès planétaire du concert de Wembley en hommage à Mandela, regardé par  600 millions de téléspectateurs dans 67 pays, pour que les politiciens occidentaux voient dans l’« ex-terroriste », un « héros »[v]. Un retournement de veste qui fut surtout conditionné par la fin de la guerre froide. Contexte dans lequel l’Occident capitaliste n’avait plus besoin d’un pouvoir dictatorial blanc et anticommuniste à la tête de l’Afrique du Sud. Pour autant, le succès du  concert anglais de 1988 – relevant du « jamais vu » pour un prisonnier politique – contribua incontestablement  à accélérer les choses …

Dans l’actuel bal des faux-culs, sont évidemment appelés à jouer leur partition l’allié favori des politiques : les médias traditionnels. Pour rivaliser de vulgarité…  Notamment via cet attentisme sur la mort du héros, annoncée depuis plusieurs mois. N’ont-ils pas honte, eux aussi ? La production de cette lamentable série, aux multiples épisodes, jouant avec obscénité de la fin de vie d’un homme est indigne d’une information de qualité ! Obsédés par leur logique du scoop et du buzz, les médias de masse ont à nouveau fait preuve d’une double incapacité. A savoir : apporter un regard neuf et pertinent sur le parcours d’un progressiste, au lieu de cette espèce de feuilleton de télé-réalité morbide.

Les jeunes qui ont assisté à cette propagande sont-ils armés pour l’identifier et l’analyser ? On peut craindre que non. Et pour cause : à quand un enseignement scolaire de qualité sur l’histoire de l’apartheid et du combat pour son abrogation ? A quand une critique historique sur le soutien des Etats-Unis, du Royaume-Uni, d’Israël et de la France à la politique d’apartheid ? A quand une Histoire écrite non pas par les oppresseurs mais par les opprimés ?

Le combat d’une vie d’un homme debout mérite mieux que des engouements médiatiques largement hypocrites. Afin que la lutte de Nelson Mandela n’ait pas été vaine, il s’agit de mettre en œuvre une réflexion commune sur le sens de son combat. L’Histoire est censée nous fournir une expérience afin que jamais les horreurs du passé ne se reproduisent. Et malgré que les peuples et gouvernants, trop souvent, n’apprennent rien de l’Histoire, comme Mandela, il faut garder espoir.

Par Aurore Van Opstal, 07 décembre 2013

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[i] Les bantoustans étaient les régions créées durant la période d’apartheid en Afrique du Sud et au Sud-Ouest africain, réservées aux populations noires

[iv] « Les Barbares. Les immigrés et le racisme dans la politique belge », éditions EPO

Ces coups de feu sont pour vous!

Publié: 30 avril 2013 par Page de suie dans Articles
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Merci Luigi… de nous montrer l’exemple!

« Je voulais tuer des hommes politiques… »

Puisque les immolations et les suicides de travailleurs laissent nos politiques et nos merdias de marbre…

Il te reste encore ton 7.65!

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ACAB 1-0

Misère 2 – flics 0

Aaah Berreta, « le prix s’oublie, la qualité reste! »  Michel Audiard

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Article original en italien: Gli spari sopra sono per voi

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Dans la presse bourgeoise:

 http://lci.tf1.fr/monde/europe/italie-fusillade-devant-le-palais-du-gouvernement-un-blesse-7942127.html

http://www.rtl.be/info/monde/europe/998659/fusillade-a-rome-l-auteur-des-faits-est-un-chomeur-qui-voulait-se-suicider-videos

Solidarité Ouvrière

Si Luigi Prieti s’était suicidé, en se pendant dans la cave de la maison de ses parents ( car de maison il n’en n’avait plus), il aurait tout simplement été un nombre supplémentaire dans une statistique qui tend à augmenter semaine après semaine : celle des désespérés qui remettent au geste ultime l’impuissance de se procurer un revenu avec lequel vivre, coincés entre un sens de faillite personnelle et l’anomie d’une solitude créée par une vie entièrement consacrée au travail, alors que les personnes chères s’enfuient et on ne comprend plus pourquoi exactement on se démène autant.

S’il s’était immolé avec de l’essence et donné feu, sur cette même place où il a déchargé le chargeur de son pistolet, il aurait peut-être suscité une grande clameur et pendant 1 jour et 1/2 on aurait parlé de lui : les médias et les hommes politiques auraient proféré des paroles de douleur, idiotes et hypocrites, pour un…

Voir l’article original 521 mots de plus

Nordine… dommage que tu piques, je t’embrasserai bien..!
Nordine Saïdi gagne son procès contre un policier raciste, huit mois de prison avec sursis pendant 4 ans!

Quatre ans après sa plainte pour « racisme et violences policières », le tribunal a donné raison sur toute la ligne à notre pote Nordine Saïdi. Dans le jugement rendu ce lundi 21 avril 2013, le tribunal a condamné le flic Marc Condijts (46 ans, inspecteur principal de la police locale de Bruxelles Sud (Anderlecht / Saint-Gilles / Forest) à huit mois de prison avec sursis pendant 4 ans et à payer les frais de justice, ainsi qu’à une compensation symbolique d’un euro pour Nordine, pour ses propos racistes et pour violence contre un policier d’origine immigrée en 2010.

Pour rappel : après l’arrestation de Nordine Saïdi pour sa participation à une action pacifique BDS « Boycott Israël » au marché d’Anderlecht, Marc Condijts, adjoint du commissaire de police, lui a tenu les propos suivants, en présence d’autres flics : « Bougnoule, si ça ne te plaît pas ici, retourne dans ton propre pays. Attache une ceinture autour de ton ventre et va te faire exploser dans ton pays à toi. » […] « Tu as appris ton texte par cœur en te branlant le soir », « Vous, les Arabes, avez une bite à la place du cerveau ». Nordine a ensuite été amené dans les sous-sols où on lui a demandé d’enlever sa veste, ses chaussures et de prendre une couverture. En le mettant dans la cellule, Condijts lui a dit : « Pour la prière, c’est là », en l’indiquant de la main la direction des toilettes.

A l’audience du 22 avril, le tribunal n’ a pas repris la lecture des attendus, il est allé droit au jugement. Le juge a déclaré coupable notre pandore inculpé. Il a insisté sur le fait que le flic n’en était pas à sa première infraction, qu’il a témoigné de manière répétée d’une attitude raciste, sexiste et homophobe. Commettre de la violence en tant que policier est déjà un fait grave, selon ce jugement. Que cette violence soit accompagnée de racisme ne fait qu’augmenter la gravité des faits. Pour le juge, et il a insisté sur ce point, la police doit donner l’exemple.

Pendant la lecture du jugement l’inculpé s’est effondré comme un gamin et a eu besoin de soins médicaux…  Quel  contraste avec l’arrogance et l’agressivité de ce sale flic lors de la première audience..!

Là, de manière calme et hautaine, il n’a jamais quitté le rôle de celui qui représente l’autorité et les institutions. Il s’est présenté comme un défenseur de l’ordre, respectueux de toutes les règles et  normes, travaillant nordine saïdi égalité procès gagné policier raciste psans problèmes avec des collègues allochtones, certainement pas raciste, n’ayant rien à se reprocher. Il avait déclaré que toutes les accusations contre lui étaient fausses, qu’il était victime d’une campagne de diffamation de la part de certains de ses collègues, dont il ne comprenait pas les motivations. Que l’arrestation de Nordine Saïdi s’était faite selon les règles et que Nordine était un menteur. Il avait révélé qu’il avait été briefé avant l’incident, que Nordine était un fouteur de merde (« een keetschopper »), qui avait déjà créé des problèmes à ce marché d’Anderlecht. Condijts avait fait ajouter quelques documents au dossier pour présenter Nordine comme un terroriste potentiel. D’abord, en y ajoutant la plainte de Caroline Fourest contre Nordine pour sa prétendue comparaison avec Breivik. Ensuite, en rappelant son exclusion du Mrax. Et pour finir, en y ajoutant que « des organisations juives disent que Nordine est un raciste ». Et c’est ce monsieur qui va déclarer que mon client est un raciste, s’était exclamé l’avocat de Condijts? Le tribunal n’a pas suivi les manœuvres de Condijts et de son avocat.

En ce qui concerne la plainte du policier contre Condijts, le tribunal ne l’a suivie qu’en partie. Il a dit que le policier avait probablement provoqué l’incident lui-même et que le nombre de jours d’incapacité de travail suite à l’incident était une manipulation des médecins. Le poulet condamné peut évidemment risquer d’aller en appel dans les quinze jours qui viennent.

On se réjouit de ce jugement qui constitue un encouragement de poids pour toutes les victimes de violence et de racisme policier à déposer plainte et à mettre fin à l’impunité.

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Dans les journaux mainstream:

Bruxelles: un inspecteur principal condamné pour violences et racisme - 22 Avril 2013, 10h26 - RTL.be
Huit mois de prison avec sursis. C’est la peine à laquelle a été condamné un inspecteur principal de police de Bruxelles pour avoir proféré des insultes à caractère raciste à l’encontre de deux personnes.

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné lundi un inspecteur principal de la police locale de Bruxelles Midi (Anderlecht/Saint-Gilles/Forest), âgé de 46 ans, à huit mois de prison avec sursis. L’homme a été reconnu coupable de deux faits de violences racistes, l’un contre un subordonné et l’autre contre une personne qu’il voulait arrêter. Le prévenu avait nié avec force, mais il a été condamné sur base du témoignage d’un ex-collègue.

Violences physiques également constatées

Les incidents se sont déroulés en août et septembre 2009. L’inspecteur principal M.C. avait donné un coup de poing à son collègue inspecteur puis l’avait agrippé à la gorge, en le qualifiant de “bougnoule”. L’inspecteur principal devait également répondre d’un incident survenu lors de l’arrestation d’un homme qui tenait une manifestation interdite. Il avait poussé l’homme à deux reprises contre une porte en lui lançant une bordée d’injures racistes.

Le témoignage d’un collègue incrimine l’inspecteur principal

Plusieurs collègues de l’inspecteur principal ont d’abord réfuté toutes les accusations, mais en 2010, l’un d’entre eux a changé ses déclarations et a reconnu que tous les reproches étaient fondés. C’est sur cette base que le prévenu a été condamné. L’inspecteur principal a fait un malaise à la lecture du jugement et a dû recevoir des soins médicaux.

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Maandag 22 april 2013, 10u29 Bron: Belga
Hoofdinspecteur van politie Brussel Zuid veroordeeld voor geweld en racisme

BRUSSEL – De Brusselse correctionele rechtbank heeft maandag een 46-jarige hoofdinspecteur van de lokale politie Brussel Zuid (Anderlecht/Sint-Gillis/Vorst) veroordeeld tot een gevangenisstraf met uitstel van 8 maanden. De man werd schuldig bevonden aan twee incidenten van racistisch geweld, eenmaal tegenover een ondergeschikte en eenmaal tegenover een arrestant.

De hoofdinspecteur zelf had alles met klem ontkend, maar werd veroordeeld op basis van de getuigenis van een ex-collega. De hoofdinspecteur raakte onwel bij het voorlezen van het vonnis.

Een eerste incident had zich in september 2009 afgespeeld op het commissariaat in Kuregem toen inspecteur Mohamed A. een koppel om onduidelijke redenen had laten oppakken. Omdat de inspecteur ondanks herhaaldelijk aandringen draalde met zijn interventieverslag, had hoofdinspecteur M.C. zelf geprobeerd het verslag af te printen. Toen A. hem dat tot tweemaal toe belette, had de hoofdinspecteur zijn ondergeschikte in het gezicht geslagen en bij de keel gegrepen. Later had C. tegenover een collega gezegd dat hij door het lint was gegaan omdat A. een ‘bougnoule’ was, een scheldwoord voor ‘zwarte’.

Hoofdinspecteur C. moest zich ook verantwoorden voor een incident dat zich een maand eerder had afgespeeld, in augustus 2009. Bij de arrestatie van een man die een verboden betoging tegen Israël hield, had hij die betoger tweemaal opzettelijk tegen een deurlijst geduwd en een hele hoop racistische verwijten naar het hoofd geslingerd.

Verschillende collega’s van C. verklaarden eerst dat er van de beschuldigingen niets klopte, maar midden 2010 wijzigde een van hen zijn verklaring en zei dat alle verwijten terecht waren. Het is op basis van die verklaring dat de rechtbank C. schuldig heeft verklaard aan beide incidenten.

De rechtbank tilde zwaar aan het gedrag van C. ‘Sympathiek is geweld nooit, a fortiori niet door de omstandigheid dat de betrokkene politieman is en daarenboven racistische motieven liet meespelen’, klonk het. ‘Betrokkene moet beseffen dat hij een voorbeeldfunctie heeft en dat het plegen van geweld uit den boze is. Heel het politiekorps lijdt schade door deze feiten, die voor splintergroepen ook munitie zijn om de politie als racistisch en vooringenomen af te schilderen.’

Desondanks toonde de rechtbank zich mild bij de bepaling van de strafmaat. ‘Het gaat niet om zwaar geweld, zoals ook door de slachtoffers wordt toegegeven’, ging de rechtbank verder. ‘Het incident met de collega was bovendien het hoogtepunt van een escalerende onenigheid en van provocaties van die collega.’

De rechtbank legde uiteindelijk een gevangenisstraf van 8 maanden met uitstel op, alsook een boete van 1.000 euro. C. moet de slachtoffers ook vergoeden, maar die schadevergoedingen zijn beperkt. Zo had de ex-collega beweerd dat hij meer dan 3 jaar thuis had gezeten door het incident maar de rechtbank geloofde daar geen snars van, bracht die periode terug tot 4 dagen en kende de man een schadevergoeding van 100 euro toe. De opgepakte betoger en het Centrum voor Gelijkheid van Kansen en Racismebestrijding, dat zich ook burgerlijke partij had gesteld, krijgen elk 1 euro.

M.C. werd bij het voorlezen van het vonnis onwel en er werd een ziekenwagen opgeroepen om de man bij te staan. Die moest uiteindelijk niet naar het ziekenhuis. Hij heeft 15 dagen tijd om in beroep te gaan.

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Maintenant il ne manque plus qu’un VandersmiSSen sur le banc des accusés et comme diraient les canadiens, j’aurai la « semi-croquante »..! 🙂

Deux chômeurs, contraints d’aller travailler gratis pour mériter le versement de leurs allocations, ont refusé ce chantage et osé porter plainte contre le gouvernement. Le 12 février, ils ont obtenu gain de cause. En France, aucun média n’en a parlé.

C’est un camouflet pour le gouvernement ultra-conservateur de David Cameron, dont la haine envers ses chômeurs atteint des sommets et où la stigmatisation des « assistés » bat son plein. Car, outre-Manche et dans le monde anglo-saxon en général, il est commun de confondre allègrement salaire et aide sociale tandis que la notion de « mérite », aussi fallacieuse que chez nous, est, par contre, nettement plus aiguë…

Ainsi, au Royaume-Uni, pour lutter contre le chômage, on lutte contre les chômeurs et le travail forcé est une tradition. Ce pays en récession, qui affiche malgré tout un honorable taux de chômage à 7,8% derrière lequel se cachent exploitation, précarité et pauvreté (elle touche plus de 17% de la population, soit près de 11 millions de personnes), symbolise l’extrême dureté d’un capitalisme particulièrement sauvage et inégalitaire.

Le principe du «workfare-to-work» (allocations en échange de travaux), installé depuis la fin des années 1990, a été enrichi par des «back-to-work schemes» (programmes de réinsertion dans l’emploi) où, pour conserver leur allocation de 65 euros par semaine, les chômeurs sont sommés par les Jobcentre d’effectuer un « stage » non rémunéré dans des organismes communautaires ou dans les rayons de riches grandes enseignes comme Tesco, Poundland, Argos ou Sainsbury’s, jusqu’à 30 heures par semaine pendant un mois. A ceux qui refusent, on coupe les vivres pendant 6 mois.

Un programme inefficace, et jugé illégal

Malheureusement, ces jobs ne sont pas pérennisés et le taux de réinsertion dans l’emploi est nul : une récente étude du gouvernement l’a prouvé, court-termisme, déclassement et absence de volontariat étant le trou noir de ces politiques. Mais le gouvernement persiste et signe au motif de faire comprendre aux chômeurs qu’ils ne doivent pas «jouer avec le système», dixit le ministre de l’Emploi tout en éludant que ce programme permet en revanche aux employeurs de jouer, eux, avec le système en exploitant à l’infini une main d’œuvre abondante et gratuite, comme au bon vieux temps de l’esclavage.

Cait Reilly, 24 ans, jeune diplômée universitaire de Birmingham sans emploi (en photo) et Jamieson Wilson, 40 ans, chauffeur poids-lourd au chômage habitant Nottingham, l’une et l’autre obligés d’aller travailler gratuitement dans un supermarché sous peine de voir leurs allocations suspendues, ont refusé ce chantage, porté plainte et gagné leur procès contre l’Etat britannique. Après plus d’une année de procédure, la Cour d’appel leur a donné raison, jugeant illégale cette méthode de « réinsertion dans le travail ».

Le ministère de l’Emploi est donc prié de revoir sa copie et de se mettre en conformité avec le droit. En attendant, les chômeurs peuvent dès à présent refuser ces « stages » sans être sanctionnés, tandis que ceux qui les ont refusés et à qui on a coupé les vivres peuvent réclamer leur dû rétroactivement.

Grâce au courage et à l’entêtement de Cait et Jamieson, coup d’arrêt est porté à cette absurde politique coercitive qui punit et exploite les chômeurs au lieu de les aider, tandis que rappel au respect des conventions internationales est fait (notamment, la Convention n°105 de l’OIT sur l’abolition du travail forcé et la Déclaration universelle des Droits de l’Homme). Une excellente nouvelle qui n’a visiblement pas intéressé les médias français, dont le rôle se limite désormais à produire de vastes écrans de fumée.

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Ouais… On en est pas encore au travail forcé chez nous, mais ça ne saurait tarder. Parions que nos foutus ministres l’on déjà dans leur chapeau! Heureux pour cette victoire qui redonnera un peu de dignité aux sans emploi british. Une belle revanche sur ces crapules esclavagistes post-thatcher.

Sources : Dazibaoued & Actuchomage.org

Ca bouge en Bulgarie..!

Publié: 4 mars 2013 par Page de suie dans Articles
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A l’issue de plus de dix jours de manifestations dans le pays contre l’électricité hors d’accès et la corruption, le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, a annoncé mercredi matin au Parlement la démission de son gouvernement.

Depuis trois semaines, le peuple bulgare sort dans la rue avec une régularité qu’on ne voyait qu’en Grèce ou en Espagne. En cause, l’appauvrissement de la classe laborieuse, l’explosion du chômage, la corruption généralisé et l’augmentation abusive du prix de l’électricité – au mains de société étrangères – , réclamant un remplacement de l’élite politique par de nouveaux représentants des citoyens. Les politiques d’austérité mises en place face à la crise ont sapé les espoirs d’un meilleur avenir. La croissance marque le pas, le chômage explose, le niveau de vie baisse. Dans ce pays où la corruption est endémique, le salaire moyen est à 400 leva (200 €). La pension moyenne à environ 200 (100 €).

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A Sofia, plus de 7.000 manifestants (10.000 quelques jours plus tard) portaient des banderoles comme « Les mafieux en prison » et « Ils sont nombreux, ils sont riches, ils sont insolents, mais ils ne vont plus durer ». A Varna (est), environ 20.000 manifestants ont réclamé la démission du maire Kiril Yordanov à qui ils reprochaient d’obéir à un groupe économique « qui règne en maître » et « a détruit les petites et moyennes entreprises ». Des manifestations qui ont coïncidé avec la fête nationale se sont tenues également dans la deuxième ville bulgare de Plovdiv (sud), à Roussé (nord), Blagoevgrad (sud-ouest). Ils portaient des banderoles proclamant « Unité contre le pillage » ou encore « Stop à la mafia ». Lors de manifestations de dizaines de citoyens en colère, un texte de la constitution a été brûlé. L’opposition y avait exigé la tenue d’élections anticipées, mais organisées par un gouvernement intérimaire, car elle redoutait d’éventuelles manipulations de la part du gouvernement de centre-droit au pouvoir.

Pour la troisième fois en moins de dix jours, un homme s’est immolé par le feu.

On a même pu voir – fait rarissime –  des flics anti émeutes déposés leurs casques et leurs boucliers en solidarité avec les manifestants! C’est pas nos pandores fachos qui feraient ça…

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Une cérémonie pour la fête nationale à Sofia en présence du président Rossen Plevneliev a été marquée par l’absence de public, la place étant barrée et protégée par des policiers antiémeutes. Le président Rossen Plevneliev, apparu devant les manifestants, a été accueilli par un concert de sifflets. Le gouvernement a du démissionné mercredi sous la pression de la rue, et le président corrompu doit former un cabinet d’experts chargé d’organiser des élections anticipées au printemps.

Décidement ce pré-printemps prends des allures plaisantes, non? 🙂

Andalousie : ¡Tierra y libertad!

Publié: 4 mars 2013 par Fernand Naudin dans Articles
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Expropriation, collectivisation, reprise individuelle…
Appelez ça comme vous voudrez, mais eux, ils n’en parlent pas… ils le vivent!

A Somonte, en Andalousie, plusieurs centaines d’ouvriers agricole se réapproprient des terres, les occupent et les cultivent!

L’Andalousie, qu’est-ce que ça évoque pour vous? Le soleil, les oranges? Hé bien quand vous êtes sur la route qui part de Palma del Rio – une ville de la province de Cordoue, 1.700 chômeurs – pour rejoindre la Finca Somonte, il est là ce soleil, elles sont là ces oranges, partout! Belles, bien rondes, juteuses et mûres à souhait. Mais elles sont au sol… et elles pourrissent, car il n’y a personne qui les ramasse! Oui je sais, en Andalousie on ne manque pas de bras, avec 34% de la population active au chômage – jusque 63% chez les jeunes – , qui survit de petits boulots et parfois… de rien, on se dit que c’est incompréhensible! Ça l’est pour des purotins comme vous et moi, surtout quand on sait qu’un huitième des orangers de la région ont été brûlé par le gel lors de l’hiver 2011-12 faute de soins…

Il faut savoir qu’en Espagne existe toujours un système  injuste de répartition des terres quasi féodale. Plus de 60% des terres – les plus riches, les plus fertiles – sont entre les pattes d’une clique minoritaire de puissantes familles, qui spéculent avec ces terres, préférant les laisser à l’abandon et ainsi recevoir des subventions européennes et des aides agricoles faramineuses. Le domaine de Somonte – 400 hectares, dont 40 irrigables – fait partie des 20.000 hectares que le gouvernement andalou à mis en vente aux enchères pour renflouer ses caisses vides. En vente, ouais, mais avec la décrépitude de l’Espagne et cette putain de « crise », seules de grandes entreprises européennes ou des aristocrates comme la duchesse d’Albe* et le duc del Infantado ont les moyens de les acquérir…

Sur ces 20.000 hectares mis aux enchères par la junta, la moitié a récemment été vendue à des propriétaires discrets, le nom des acquéreurs n’est pas connu… et depuis lors, ils n’auraient embauché personne, préférant spéculer plutôt qu’exploiter!

« Andalous, n’émigrez pas. Combattez! La terre est à vous. Reprenez là! »

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A l’aube du 4 mars 2012, 500 journaliers agricoles – membres du syndicat SOC** – , habitants des villages voisins et citoyens solidaires venus de toute la région ont commencé à occuper la Finca Somonte dans les riches terres de la plaine du Guadalquivir, près de Palma del Rio dans la province de Cordoba. La vente, ou privatisation, du domaine de Somonte était prévue pour le 5 mars.

« Quand nous sommes arrivés à Somonte pour occuper les terres, c’était un matin très tôt, au lever du soleil. J’ai été surpris par le silence. Il n’y avait pas d’oiseaux sur ces terres! Pas de vie! Rien! »

Trente personnes des villages des alentours se sont installées sur le lieu et ont commencé à travailler la terre, à semer salades, tomates, pommes de terre, oignons et autres légumes, d’abord pour l’autoconsommation. Elles sont aidées tous les jours par des dizaines d’autres venus de toute l’Andalousie pour appuyer l’occupation. Dont deux travailleurs vétérans qui connaissent fort bien cette ferme, y ayant travaillé de nombreuses années. Ils ont apporté leur savoir-faire en précisant que ces terres sont très riches, mais que jusqu’à présent personne ne les a jamais vraiment mises en valeur. Un autre voisin de 83 ans a apporté des outils manuels qui ne sont plus utilisés dans l’agriculture intensive d’aujourd’hui. D’autres ont amené des semences, des plants, des poules…

On se croirait revenu au temps joyeux de la collectivisation, lors de la révolution espagnole de 1936, il y flotte comme une légère brise anarchiste – bien qu’ils ne le soient pas tous – bien sympathique… Car dans la région, les occupations de terre ne datent pas d’aujourd’hui. En ’36, elles s’étaient multipliées. Les anciens évoquent d’ailleurs la répression féroce qui s’en suivit lors de la victoire des fascistes de Franco. Un puissant propriétaire terrien – le duc del Infantado? – fit exécuter 350 journaliers à Palma del Rio, le village voisin de Somonte et la plupart des terres qui jouxtent la finca appartiennent aux descendants de cet homme…

« Notre philosophie peut se résumer de la façon suivante : la terre, comme l’air et l’eau, est un don de la nature que personne ne peut s’approprier pour son profit individuel ou pour son enrichissement privé. La terre est un bien public, propriété du peuple, qui doit être à l’usage et à la jouissance de ceux qui y vivent et qui la travaillent. Si alors la terre n’est à personne, la propriété de la terre est un vol. C’est pour cela que nous demandons l’expropriation sans indemnisation… » […] « Cette action devrait marquer le début de la révolution agraire qui, en cette période de chômage, de pénurie et d’escroquerie néolibérale, nous manque tant. Aujourd’hui toute alternative pour survivre avec dignité doit passer par la lutte pour la terre, l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire. »

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Et l’aventure continue encore aujourd’hui, en ce matin hivernal, une trentaine de personnes se pressent autour d’un brasero, installé devant la petite cuisine de la « finca ». Deux hommes réparent un vieux tracteur Fiat sur lequel est fiché un drapeau andalou portant le sigle SOC-SAT. Quand le tracteur finit par démarrer, des responsables du lieu répartissent les tâches entre les occupants et les visiteurs solidaires, selon les décisions prises la veille au soir en assemblée populaire. Un groupe ira désherber le champ d’oignons dont les plants viennent d’être mis en terre. Un autre ramassera les piments, les Piquillo, la variété locale, rouge sang, qui seront ensuite mis à sécher en grappes. Le troisième groupe préparera le repas collectif de la mi-journée.

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Bien entendu, les chiens de garde du capital, en l’occurrence ici, la tristement célèbre Guardia civil héritée du franquisme, viennent régulièrement relever les numéros des plaques d’immatriculation des voitures stationnées sur le parking de la finca sous les quolibets discrets des travailleurs blasés, mais ils ne descendent jamais de leur véhicule, ils notent et repartent. Ils y a aussi quelques plaintes contre certains camarades occupants mais sans grande influence sur la vie quotidienne.

A côté de tout ça, il a fallu rénover les habitations afin de pouvoir loger tous les résidents. Un électricien de Fuente Carreteros et un plombier de Palma del Rio se sont proposés comme volontaires. Toutes les décisions sont prises dans des assemblées générales quotidiennes et des commissions ont été établies pour s’occuper de la logistique, des relations avec les médias, du nettoyage, des repas, du travail horticole…

La finca Somonte se trouve à 50 km de Marinaleda, où la municipalité communiste a créé des conserveries et des ateliers qui pourraient transformer les produits de Somonte. Selon le SOC, la partie irrigable pourrait, dans une première étape, fournir du travail à au moins 50 personnes. La ferme pourrait à moyen terme, grâce à la culture sociale de tout le domaine, faire vivre beaucoup plus de travailleurs. Les occupants disent qu’ils ne veulent pas créer une coopérative de salariés, mais une « coopérative de résistance » assurant la survie et un havre de vie pour de nombreuses personnes frappées par la crise.

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« L’objectif, c’est de faire travailler et vivre ici quarante familles. Dès que nous aurons réglé le problème de l’irrigation, ce sera possible. » […] « La terre est bonne ici, pour les asperges, et l’avantage, c’est qu’on peut les vendre assez cher, ensuite, on pourra transformer les produits de Somonte à Marinaleda, où ils ont tous les outils nécessaires. Depuis que nous sommes ici, les oiseaux sont revenus et la vie aussi. L’homme appartient à la terre. Nous devons la respecter et veiller sur elle. C’est pour cela que nous allons faire ici de l’agriculture biologique paysanne. »

Une gestion entièrement biologique

Pour développer une agriculture en rupture avec le modèle dominant, nos occupant font appel à leur sensibilité et à leur mémoire, ravivée par leurs parents ou leurs grands-parents. Les premiers pieds de tomates plantés à Somonte proviennent de semences très anciennes apportées par le père – 84 ans – d’une occupante. « Dès que nous avons occupé Somonte, beaucoup de personnes âgées sont venues nous apporter des semences de piments, d’oignons, de laitues… Toutes les semences traditionnelles qu’elles avaient héritées de leurs parents et qu’elle avaient conservées et protégées précieusement année après année. » La finca a également reçu des graines bio du réseau andalou Semences et de la coopérative française Longo Maï. Somonte sera donc libre de semences transgéniques et de pesticides. « Nous sommes fatigués de voir ceux qui spéculent avec la terre spéculer aussi avec les produits chimiques, avec les semences et avec l’eau. Il va être difficile de mettre les 400 hectares en agriculture biologique mais nous allons le faire! »

Des milliers de familles de la région à nourrir

Petit à petit, avec le soutien d’ingénieurs agronomes, des anciens, d’organisations locales et de réseaux de solidarité internationaux, le projet agricole de Somonte prend corps. Trois hectares de légumes ont déjà été mis en culture pour l’autonomie des occupants, la vente sur les marchés locaux ou dans une coopérative de consommateurs de Cordoue. Plusieurs dizaines d’hectares vont être consacrés à des cultures maraîchères. Quarante hectares seront réservés à de grandes cultures en rotation avec notamment du blé biologique. Les occupants de Somonte envisagent de planter près de 1 500 arbres de variétés locales, de développer des vergers d’abricotiers, de cerisiers, d’amandiers, de créer une oliveraie, d’entretenir des haies.

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En décembre 2012, près de 700 arbres sont plantés le long du domaine. Une eau saine sera récupérée grâce à des retenues, des puits et à une protection des petits cours d’eau existants. Les occupants veulent réunir rapidement un troupeau d’au moins 300 brebis. Une grande partie de la production agricole de la finca sera transformée sur place dans des ateliers. Le projet agro-écologique et social de Somonte, organisé sous forme de coopérative de travailleurs, pourra donner du travail à plusieurs centaines de personnes et permettre à des milliers de familles de la région de se nourrir.

La situation de Somonte est suspendue à la situation politique en Andalousie. Le parlement autonome élu début 2012 est majoritairement à gauche. Cela n’a pas empêché le Parti socialiste de faire expulser les occupants de Somonte, le 26 avril 2012, le jour même où il signait un accord avec la Gauche Unie. Le 27 avril au matin, la finca était de nouveau occupée.

« S’ils nous expulsent 20 fois, nous occuperons 21 fois! Nous n’avons pas le choix. Le gouvernement ne sait pas comment réagir. Et nous, pendant ce temps, nous montrons qu’une autre voie est possible. Nous disons qu’il faut occuper les terres pour avoir un travail et pour vivre. Mais il faut aussi occuper les logements pour donner un toit aux familles. Et il faut occuper les banques pour dénoncer les aides financières que nos gouvernements leur apportent tout en faisant payer les plus pauvres. Il faut occuper! Voilà la solution. » […] « Les moyens de production doivent être au service du peuple. Pour cultiver sainement, nous n’avons pas besoin d’un patron qui nous exploite et nous vole. Nous voulons décider nous-mêmes de notre avenir. »

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 En 2013: Aucune menace d’expulsion n’a été formulée depuis, les négociations sont au point mort. Jusqu’à aujourd’hui, ni la junta andalouse, ni Mariano Rajoy, le premier ministre espagnol, du Parti populaire (Partido popular, PP, droite), n’ont sévèrement menacé les journaliers. Souhaitons-leur un long et franc succès, et que leur exemple fasse tache d’huile à travers l’Europe. ¡No Pasarán!

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– Vous pouvez les soutenir  et les encourager à l’adresse  somontepalpueblo@gmail.com

En prime, un suberbe reportage photo sur ReelNews

L’aventure continue en 2015… El reportaje de BTV sobre Somonte, el documental

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(*) – duchesse d’Albe: 86 ans, possède 30.000 hectares de terres, richesse estimée 3,5 milliards d’euro, cinq fois duchesse, dix-huit fois marquise, vingt fois comtesse, vicomtesse, comtesse-duchesse et connétable, et quatorze fois Grand d’Espagne, franquiste, fasciste, défigurée par l’abus de chirurgie esthétique…

(**) – Syndicat andalou d’ouvriers agricoles (Sindicato de Obreros del Campo, SOC), qui mène, avec le mouvement Izquierda Unida, l’occupation de Somonte, depuis le 4 mars 2012. Créé en 1976, il renoue avec la vieille tradition des occupations massives de terres. Jusqu’à la Seconde République espagnole (1931-1939), en Andalousie et dans tout le sud de l’Espagne, les terres agricoles (les latifundios) appartenaient à une aristocratie de propriétaires fonciers. Face aux mauvaises conditions de travail, régulièrement, les paysans ont occupé ces terres, en signe de protestation. Parfois, les occupations ont débouché sur de grands mouvements de révolte. A l’image des luttes des années 70 menées à Marinaleda, une petite ville, communiste depuis 1979, dirigée par le Collectif unitaire des travailleurs (Colectivo de unidad de los trabajadores, CUT), et située à une cinquantaine de kilomètres de Somonte. Marinaleda, qui ne connaît pas le chômage, est un modèle. Et son maire, Juan Manuel Sanchez Gordillo, un nouveau Che local. Le SOC est sans doute le seul syndicat européen à avoir officiellement réclamé une réforme agraire (En Andalousie, 60% des terres appartiennent à 2% de nantis). A l’époque, la répression avait été très forte et des centaines de journaliers se sont trouvés inculpés aux tribunaux. Le SOC-SAT réunit des ouvriers agricoles de tous les horizons et organise régulièrement des grèves pour défendre leurs droits. Il dénonce aussi les injustices sociales, en organisant dans des supermarchés des opérations de récupération (reprises individuelles) de produits alimentaires de base, distribués ensuite à des cantines de quartiers pauvres.

Tous au Larzac!

Publié: 8 février 2013 par Page de suie dans Coups de coeur
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Nous étions dans le sud-ouest entrain de contempler hilares notre « table de choure », il faisait 4-5°, des courants d’air comme des entre les oreilles d’un flic et le poêle à bois n’était prévu que pour le lendemain  🙂

Quand l’un d’entre nous lança: « si on se matait Tous au Larzac? Je l’ai sur le portable. »

Et bien je vous assure que regarder « Tous au Larzac » en grelottant, en grignotant des toasts au foie gras (je sais, c’est pas bien le foie gras… mais dans le sud-ouest c’est tentant! Hé puis on l’a piqué, na!), des saucissons du pays et avec quelques ééénormes pétards, c’est géant! Je vous le conseille, à essayer au moins une fois.

Voici le lien pour le regarder en streaming (ou le télécharger) sur Filmonde.com: TOUS AU LARZAC

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L’histoire d’un combat victorieux: Marizette, Christiane, Pierre, Léon, José… sont quelques uns des acteurs, drôles et émouvants, d’une incroyable lutte, celle des paysans du Larzac contre l’Etat, affrontement du faible contre le fort, qui les a unis dans un combat sans merci pour sauver leurs terres. Un combat déterminé et joyeux, mais parfois aussi éprouvant et périlleux. Tout commence en 1971, lorsque le gouvernement, par la voix de son ministre de la Défense Michel Debré, déclare que le camp militaire du Larzac doit s’étendre. Radicale, la colère se répand comme une trainée de poudre, les paysans se mobilisent et signent un serment : jamais ils ne cèderont leurs terres. Dans le face à face quotidien avec l’armée et les forces de l’ordre, ils déploieront des trésors d’imagination pour faire entendre leur voix. Bientôt des centaines de comités Larzac naitront dans toute la France… Dix ans de résistance, d’intelligence collective et de solidarité inébranlable, qui les porteront vers la victoire.

« Vous ne le pouvez pas ? Nous, nous le pouvons ! » Avec ce slogan, les ouvriers d’une entreprise grecque organisent la production après que 98 % des travailleurs aient voté en assemblée générale en faveur de l’autogestion de l’usine.

Viomichaniki Metaleftiki (Βιομηχανική Μεταλλευτική) était une entreprise prospère spécialisée dans la production de matériaux pour le bâtiment. Sa maison-mêre en difficulté a pressé sa filiale au point qu’elle ne paye plus les salaires depuis mai 2011. Les salariés de cette entreprise souhaitent redémarrer la production en autogestion.

La direction de Viomijanikí Metaleftikí, entreprise de fabrication de carreaux de faïence et de matériaux de construction a abandonné son usine de Thessalonique et ses 70 travailleurs depuis mai 2011. En réponse à cette situation, les travailleurs de l’usine réclament le versement de leur dû et refusent les licenciements, ils sont en arrêt de travail depuis septembre 2011. Après l’abandon de l’usine de l’entreprise par sa direction, l’assemblée des travailleurs a voté en faveur de l’autogestion de l’usine et est en train de se préparer à l’assumer.

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Le syndicat de l’entreprise Viomijanikí Metaleftikí a organisé avec les travailleurs une occupation permanente de l’usine par rotation afin d’empêcher l’enlèvement des machines par la direction ou le vol de celles-ci. La proposition du syndicat pour résoudre cette situation au point mort, puisque la direction a déclaré que l’usine ne va pas ré-ouvrir pour manque de fonds, est d’appliquer un système d’autogestion. Cette proposition a été votée par 98 % des travailleurs en assemblée générale. Concrètement, ils demandent que l’usine passe aux mains des ouvriers et la démission de tous les membres de la direction, de même que les employés qui ont collaborés avec l’équipe dirigeante, sans rien réclamer à la future autogestion ouvrière.

Les travailleurs appellent tous les syndicats, organisations, associations et travailleurs à se solidariser avec la lutte des ouvriers pour l’autogestion de l’usine et de les aider activement financièrement et politiquement.

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Le communiqué de presse après leur Assemblée Générale du 11 juillet 2012 :

« La direction de Viomichaniki Metaleftiki, une filiale de Filkeram-Johnson, a abandonné l’usine et ses travailleurs depuis mai 2011. En réponse, les travailleurs de l’usine ont cessé le travail depuis septembre 2011. Le syndicat de l’entreprise a organisé une équipe de 40 ouvriers, ayant pour mission d’empêcher l’enlèvement des machines par la direction ou le vol de celles-ci. L’ensemble de travailleurs participe à l’Assemblée Générale.

La proposition du syndicat afin de briser le statut quo actuel (alors que la direction a clairement déclaré que l’usine ne redémarrerait pas compte tenu de l’absence de fonds) est que l’usine passe sous contrôle direct des travailleurs. Cette proposition a été adoptée par 98 % des participants à l’Assemblée générale. Plus précisément, ils ont demandé que l’usine soit transférée aux travailleurs et que tous les membres de la direction et les travailleurs participant au Conseil d’administration démissionnent sans aucune exigence vis-à-vis de la future administration ouvrière.

En ce qui concerne le capital initial, qui est indispensable pour le fonctionnement de l’usine, la proposition des travailleurs est que l’Organisme national de l’emploi (le Pôle Emploi grec) leur verse par avance les allocations auxquelles ils auraient droit en tant que repreneurs d’entreprise.

Enfin, les travailleurs de Vio.Met. exigent l’introduction dans la législation d’un statut légal régissant les entreprises coopératives, afin que leur initiative (ainsi que toute initiative semblable future) puisse disposer d’un cadre de couverture légale.

Nous, travailleurs en lutte, en dehors de l’évidente valeur que nous voyons d’être dans la lutte et les demandes exprimées par tous les travailleurs, reconnaissons également une valeur additionnelle qui se résume parfaitement dans la proposition d’autogestion. Nous pensons que l’occupation et la reprise d’activité des entreprises impulsée par les travailleurs est l’unique proposition alternative réaliste pour lutter contre l’exploitation croissante de la classe ouvrière. L’auto-organisation des usines qui ferment est l’unique proposition qui a le pouvoir de mobiliser la classe ouvrière, qui vivant sous la menace constante du chômage, ne voit plus aucun moyen de résister.

Nous savons que les difficultés auxquelles nous sommes confrontées dans la lutte pour l’autogestion de l’usine sont nombreuses, que l’Etat et le Capital s’y opposeront de toutes leurs forces dans la mesure où une victoire pourrait créer un précédent et un exemple pour n’importe quelle autre lutte dans le pays. Cependant, la question de savoir dans quelles mains se retrouve la production, se transforme aujourd’hui en une question de vie ou de mort pour une classe ouvrière qui est poussée vers le dénuement. Pour cette raison, les luttes des travailleurs qui s’orientent dans cette direction, de même que les forces solidaires, doivent se préparer à affronter l’Etat et l’employeur pour réaliser l’occupation des moyens de production et la gestion ouvrière.

Nous lançons un appel à tous les syndicats, les organisations et les travailleurs pour que s’exprime la solidarité avec la lutte des ouvriers de Viomijanikí Metaleftikí et entreprendre un soutien actif aux travailleurs à la fois financièrement et politiquement. »

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4 février 2013 – dernières nouvelles:
L’usine VIO.ME. ouvre et est autogérée par les ouvriers!
Le syndicat des travailleurs VIO.ME. Après une longue lutte dans les actions de soutien et de solidarité du mouvement annonce l’ouverture de l’usine.  Les employés de VIO.ME. prennent en  main la production et leur propre vie sans patrons. Avec l’auto-organisation, l’autogestion et des procédures de travail en démocratie directe, la solidarité concrète de la société fondé sur l’espoir qu’un nouveau monde est possible. Jeudi, 7 Février à 13.00 au Centre de Travail de Thessalonique, le Labor Association of Industrial and Mining Initiative Thessalonique Solidarité, et les travailleurs VIO.ME., vous invitent à une conférence de presse , où ils présenteront leurs projets directement au démarage de l’usine, et tout ce que le plan d’action de solidarité pour la collecte de fonds à l’appui de cette nouvelle entreprise qui ouvre la porte à une société sans patrons. (Sorry pour la traduction…)
Tuesday 12/2, Everyone at the factory!

Leur blog : http://biom-metal.blogspot.gr/

Source : Association pour l'autogestion
La Cour de cassation vient d’accorder un délai d’au moins 18 mois aux opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Une heureuse surprise pour les défenseurs du bocage.

L’embourbement du gouvernement Ayrault dans la zone humide de Notre-Dame-des-Landes n’est pas près de se dénouer. Nouveau fait majeur dans la bagarre qui oppose Vinci aux paysans menacés d’expulsion, mardi 29 janvier, la Cour de cassation a décidé… de ne rien décider..! Elle attendra que tous les recours administratifs soient jugés pour examiner un pourvoi formé par les occupants de la zone d’aménagement différé contre leur expropriation (voir les arrêts de la Cour de cassation).

Ces derniers ont saisi le juge administratif en octobre 2011 pour faire annuler l’arrêt de cessibilité (liste préfectorale des parcelles qui doivent être expropriées) qui les concerne. Ce recours a été débouté en décembre 2012 par le tribunal administratif de Nantes, mais il fera l’objet d’un appel, voire ultérieurement si besoin d’un recours devant le Conseil d’État.

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Une quinzaine de fermes doivent encore être détruites

En attendant, le concessionnaire Aéroport du Grand-Ouest (Vinci), qui doit acquérir les terrains convoités, devra patienter! Les expulsions sont donc retardées pour la quinzaine de fermes qui doivent encore être détruites. Et ce, pour une période de 18 mois à deux ans, selon les estimations des opposants et leurs avocats. « C’est une surprise », explique Dominique Fresneau, coprésident de l’Acipa, une association d’habitants et d’exploitants menacés d’expulsion. « Jusqu’à présent le projet avançait malgré tous nos recours. »

Cet arrêt ne protège pas pour autant les occupations illégales installées dans des cabanes et des fermes expulsées, sur la Zone d’aménagement différé (Zad) visé par le projet d’aéroport. Le face-à-face entre opposants et forces de l’ordre, qui dure depuis le 17 novembre, devrait donc se poursuivre, alors qu’une « trêve » est encore théoriquement à l’œuvre jusqu’au mois de mars dans le cadre des travaux de la « commission de dialogue ».

« Le pouvoir joue l’apaisement, il n’y a pas de pression de la préfecture centrale, raconte Dominique Fresneau. Les contrôles systématiques embêtent surtout les locaux qui doivent circuler pour travailler sur leurs terres. C’est une stratégie qui vise à installer un climat malsain, mais il n’y a pas d’affrontements. »

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Embarras de François Hollande

Sur le plan politique, le dossier reste un véritable bourbier pour la majorité. Interviewé, mercredi 30 janvier par l’Express, Nicolas Hulot, « envoyé spécial de François Hollande pour la préservation de la planète », décrivait un Président « embarrassé » sur la question.

« Concernant la pertinence du projet, je ne suis pas certain que le Président en soit convaincu, mais il ne peut pas désavouer son Premier ministre. Nous avons en France un déficit démocratique ; nous ne savons pas organiser des débats publics dignes de ce nom », jugeait-il.

L’embarrassante épreuve de force devra donc encore durer au moins un an et demi. Un marathon que les opposants comptent mettre à profit pour organiser et densifier une mobilisation « lourde, ardue, mais que nous avons tous ici à cœur », confie Dominique Fresneau.

Source: Politis.fr - 04/02/2013