Erdogan acculé, ne trouve rien de mieux à faire que de bloquer l’accès à des sites tel que Google Drive, Medium, Microsoft OneDrive, DropBox et GitHub pour couvrir une énooôrme fuite de mails compromettants
Évidemment, quand on érige la corruption, le trafic, le copinage, le meurtre d’opposants et l’intimidation comme forme de gouvernement, on obtient une démocrature à la Erdogan. Et bien sur, on s’expose à ce que des groupes comme RedHack divulguent ses petits secrets et magouilles entre amis…
58.000 e-mails – 11Go – du dictateur turc et de ses potes mafieux de l’AKP ont été hacké et diffusé par RedHack, suite à quoi Erdogan se prenant pour dieu a fait fermer plusieurs sites de partages de fichiers (Google Drive, Medium, Microsoft OneDrive, DropBox et GitHub). En soi, ces e-mails ne font que confirmer ce que tous le monde sait déjà. Personne – hormis les fanatiques religieux et nationalistes qui le soutiennent – n’est dupe sur l’état des libertés et des droits de l’homme en Turquie depuis l’avènement du « système erdogan ». Et vu la réaction de l’état turc et l’ouverture immédiate d’une procédure contre Redhack, l’authenticité de la fuite ne fait aucun doute.
Ce que révèle ces mails:
trafic de pétrole récurrent avec Daesh
main-mise sur la ligne éditoriale de la presse
marchandage avec les « forces internationales » sur des objectifs militaires en Syrie
liens entre les renseignements turcs – MIT – et le massacre de Roboski en 2011
liens entre les renseignements turcs – MIT – et les exécutions d’opposantes à paris
Bien entendu, dans l’ambiance de répression et de purge que la Turquie connaît depuis l’état d’urgence qui a suivi le coup d’état manqué, il ne fait pas bon être soupçonné d’appartenir à Redhack, et plusieurs arrestations musclées ont déjà eu lieu. Ces “révélations” ne sont que le début, d’autres vont suivre progressivement, qui pourraient révéler d’autres scandales de la clique d’Erdogan.
Confusion de la môme Joëlle lors d’une question sur son implication dans l’affaire Kimyongür au Sénat
La nouvelle affaire Bahar Kimyongür a été abordée au sénat lors d’une question à la ministre Milquet sur son implication propre et sur l’implication de la Belgique dans l’arrestation de Bahar Kimyongür à Cordoue il y a quelques jours. Lors de sa « réponse », la ministre confond visiblement le DHKP-C et le PKK (sic). Puisqu’à plusieurs reprises lorsqu’on lui demande en quoi le DHKP-C a été abordé lors de sa rencontre avec les autorités turques le 22 mai, elle répond entre-autres « Abdullah Öcalan », « le processus de paix » et « le désarmement dans les montagnes près de la frontière ». L’incompétence à l’état pur..!!!!
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T’as pris un coup de vieux Jojo… même le maquillage à outrance ne cache plus les dégâts. On finit toujours par ressembler à ce qu’on est à l’intérieur…
Source: Secours Rouge
Petite mise au point
Bon, ayant eu des échos de commentaires sur Indy paris… j’ai été voir, et voici ce qu’en disent les membres du collectifs: « Propos plus que limites et complotistes et plaidoyer sur le site page de suie de Bahar Kimyongür un collaborateur de Michel Collon ayant donné des conférences en présence de négationnistes et de militants d’extreme droite. »
Bon… OK, la liberté d’expression des camarades étant un principe intouchable, je ne critiquerai point. Notez tout de même que cet article ci-dessus n’est pas un « plaidoyer » pour ou contre Bahar Kimyongür, mais bien une attaque contre une ministre incompétente! Ici, je critique uniquement le fait qu’elle mente ouvertement et qu’elle confond stupidement le DHKP-C et le PKK… ce qui, pour une ministre de l’intérieur, revenant de Turquie, est inadmissible de connerie!!! Que son incompétence porte sur ce Bahar Kimyongür, n’en diminue pas la portée.
Quand aux Collon and co. Je pense les avoir assez critiqué pour qu’on se rende compte qu’ils me débectent clairement. Bref, c’est pas sympa de lancer des rumeurs assassines sans se donner la peine de vérifier à quel point je pisse allègrement sur l’extrême droite et tout ceux qui essayent de faire passer subtilement leurs thèses puantes! On peut refuser un article sans salir à la légère une réputation, non?
Que se passe-t-il sur place aujourd’hui, après quinze jours de conflit ouvert entre la rue et Erdogan..?
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Je vous en propose deux visions récentes, l’une de Defne Gursoy, l’autre de Beyithan Yurtseven… infos sur les « Toma chimiques » en fin d’article
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Tout a basculé à Taksim hier soir
Publié le 16 juin 2013 par Defne Gursoy
Hier soir la guerre a été déclenchée par la police, je suis un témoin direct puisque j’étais sur place…
La violence démesurée de la police a fait des centaines de blessés, le parc a été évacué de force avec gaz, jet d’eau contenant des produits chimiques causant des brûlures sur la peau, les balles en plastiques ont blessés des dizaines de personnes, dont une femme enceinte. Par ailleurs, des grenades cataplexiantes (« Flashbang », « Incapacitantes » ou à ‘Saturation Sensorielle ») ont semé la terreur dans tous le quartier.
L’intervention a eu lieu alors qu’il n’y avait aucune manifestation, aucun rassemblement ni dans le parc Gezi, ni sur la place. C’était un samedi ordinaire et les habitants étaient venu avec leurs enfants pour prendre l’air dans ce parc. Cette intervention a été faite hier à partir de 19h40 alors que la Plateforme de Taksim avait annoncé à 11h00 le retrait pacifique des occupants du parc dès lundi…
Les affrontements ont duré jusqu’au petit matin, j’étais coincée entre les barricades et la police. Je me suis réfugiée dans un passage commerçant, la police a même lancé le gaz à l’intérieur de tous ces passages où les gens s’étaient réfugiés. J’ai été gazée, et j’ai vu des gens tomber comme des mouches sur la rue Istiklal. (notons qu’il n’y a pas que notre salaud de Vandersmissen national qui fait gazer les hôtels..!)
Des milliers ont afflué de tous les quartiers d’Istanbul pour venir en soutien à Gezi Park et les manifestants. La municipalité a annulé tous les transports en commun dès 11h00 pour empêcher cela mais les gens sont passé de la rive asiatique en marchant sur les ponts du Bosphore. La police a gazé ces gens à pied sur le pont même, sans leur laisser une issue de sortie, sauf peut-être de se jeter par le pont.
Les hôtels qui ont accueilli les gens blessés ont été gazés de l’intérieur. Les touristes ont accueilli les blessés dans leur chambre d’hôtel mais ont subi également les violences car les lobby et réceptions, transformés en centre de soins médicaux, de ces hôtels ont été attaqués par la police. Ceci est un crime contre l’humanité, du jamais vu même dans les pays avec des régimes les plus répressifs.
Toute cette violence n’a pas arrêter le peuple qui s’est regroupé dans chaque quartier. Nous ne connaissons pas exactement le nombre de blessés, mais nous savons qu’il y a plusieurs blessés dans un état grave, nous en sauront plus dans quelques heures. Des centaines de gens blessés n’ont pas pu recevoir de soins médicaux car les forces de l’ordre ont interdit l’accès des ambulances à Taksim.
Aujourd’hui, Erdogan tient un meeting à Istanbul avec ses supporters, qu’il n’hésitera sans doute pas à lâcher contre les résistants.
Les habitants des 70 villes du pays sont dans la rue aujourd’hui pour protester. Des dizaines de milliers sont en train de marcher vers la place Taksim. La violence du pouvoir actuel contre ses citoyens doit être arrêter au plus vite. Je vous demande de divulguer le message partout où vous pouvez. C’est vraiment très grave et cela va sans doute continuer. La désinformation du pouvoir ne doit pas être relayée par les médias européens mais la vérité doit être entendue partout dans le monde. Merci à tous de faire en sorte que l’information circule le plus vite et largement possible.
Ce dimanche 16 juin, nous nous attendons malheureusement à la suite des violences.
Defne Gursoy, Istanbul, 16 juin 2013, 11h00 (heure locale)
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Une nuit épouvantable à Istanbul…
Publié le 16 juin 2013 par Beyithan Yurtseven
J’avais commencé à écrire cet article hier matin (le 15 juin) alors que tout était encore calme et que le collectif Solidarité Taksim avait décidé de continuer d’occuper le camp vu que leurs demandes n’avaient pas été satisfaites par le gouvernement. Mais cette résistance continuerait symboliquement dans le parc Gezi pour y suivre de près les décisions du gouvernement. Pourtant dans la journée, après que le Premier ministre turc Tayyip Erdogan ait prononcé un discours haineux lors d’un meeting de l’AKP près d’Ankara, devant plusieurs dizaines de milliers de ses partisans, le climat s’est brutalement réchauffé Istanbul.
Le chef du gouvernement a ordonné à la police de disperser les manifestants alors que la majorité d’entre eux étaient prêts à passer leur dernière nuit dans le parc Gezi. La police a pénétré dans le parc et l’a vidé de tous ses occupants par des tirs de grenades lacrymogènes. De nombreuses tentes ont été détruites lors de cette intervention barbare.
Il faut bien noter que les manifestants n’étaient pas seuls dans ce parc, des centaines des familles y passaient aussi leur soirée. En fin de compte, plusieurs manifestants et des « non-manifestants » y auront été arrêtés.
Il est fort probable que l’on nous présentera bien vite une longue liste touchant à des « matériaux suspects » trouvés dans les tentes, comme des cocktails Molotov, des armes, des documents illégaux, le tout relayé à grands renforts de moulinets par les mass-médias (à la solde d’Erdogan). La police n’ayant pas laissé entrer les journalistes dans le parc (de crainte de les blesser?) pendant que les tentes ont été fouillées et enlevées, on peut se demander d’où et à partir de quels éléments constaté ils pourront gloser sur « le matos en relation avec une intention terroriste » dont se seraient « emparés » les flics sinon sous la dictée détaillée de la police elle-même.
Il faut se préparer à assister à une grande messe de désinformation consensuelle contre les occupants du parc Gezi pour manipuler les gens, surtout les « hésitants » venus gonfler les rangs pro-Erdogan peu concernés (au sens indifférents) par l’affaire dans son ensemble.
L’intervention est survenue alors que personne ne s’y attendait. En effet, la police a évacué les occupants alors que ces derniers avaient trouvé un compromis avec Erdogan et que ce dernier leur avait donné un ultimatum au dimanche 16 juin au soir. Les occupants et la plate-forme ont cru les mensonges d’Erdogan. L’intervention du parc Gazi a d’autant plus choqué les opposants qu’ils s’étaient retranchés dans un certain attentisme après deux semaines de confrontations.
Des centaines de milliers personnes ont essayé de rejoindre la place Taksim, mais tous les accès avaient déjà été bloqués. Le gouvernement turc a visiblement trompé les manifestants. Partout à Istanbul, les opposants se sont à nouveau réunis, tout comme à Izmir et à Ankara.
Pour comprendre, le collectif Solidarité Taksim avaient appelé les opposants à venir sur la Place Taksim à midi (16 juin) après avoir rencontré le premier ministre qui n’a pas voulu entendre leur requête et les avait copieusement insultés après avoir quitté la table de négociations et claqué la porte au nez du collectif. Ces derniers ont même préféré taire certains propos de Tayip lors de leur retour à Istanbul et n’avaient, dans leur dossier, qu’un ultimatum expirant le 16 juin au soir. Or c’était mal connaître la Bête…Sitôt qu’ Erdogan eut tenu son discours devant ses partisans – dont une partie a été payée – , il a ordonné l’assaut sans plus attendre afin que ses opposants ne puissent se rassembler le lendemain midi à la place Taksim et ceci à à n’importe quel prix. (Ceci sans compter les fort nombreuses arrestations qui contribueront à clairsemer les rangs des manifestants et inciter au découragement, à la démoralisation de bon nombre d’entre eux, surtout des plus timorés !)
Toute la nuit, des confrontations ont eu lieu entre la police – la gendarmerie (envoyée à la ville par le gouvernement, la première fois depuis le coup d’ État en 1980) – et les opposants. On a déclaré des centaines de blessés dont 25 grièvement. Depuis le début des manifestations, 4 personnes ont été tuées par la police et plus de 7000 ont été blessées dont 130 ont perdu les yeux.
La nuit passée était différente. Les forces d’ État ont mené une action très violente, et une telle violence ne peut paraître que dans un régime fasciste.
L’Association Médicale Turque a déclaré que c’est la nuit la plus noire dans l’histoire de la Turquie. Les hommes d’Erdogan voulaient tuer les manifestants et les ont attaqués d’une façon fascisante. Ils poursuivaient les manifestants, qu’ils fussent blessés ou non. Des centaines de manifestants se réfugiaient dans les hôtels et dans les hôpitaux du quartier. Ce qui n’a pas empêché la police d’intervenir dans ces mêmes hôtels, (comme le Hilton) et dans les hôpitaux puis d’y tirer des grenades de gaz lacrymogènes.
Les gens déclarent ne jamais oublier ce qu’ a fait Erdogan et qu’il devra le payer cher…
J’aimerais bien revenir à ce qui s’est passé depuis trois jours; probablement beaucoup de gens partageraient la même idée que moi. Je pense que peu importe comment les manifestations nées autour du parc Gezi se terminent. Le gouvernement turc, voire Erdogan, a envisagé une défaite historique. Le leader de l’AKP étant au pouvoir depuis plus que dix ans avait reculé pour la première fois. Pensez qu’on parle d’un homme qui a repris la main sur l’armée, sur la justice et sur la bureaucratie. Il semble que la conséquence la plus importante soit que le mur de la peur se soit fissuré.
Les nouvelles générations, les jeunes appelés apolitiques, se sont mis à apprécier la liberté. Le premier ministre turc a finalement accueilli les représentants pour mettre un point final à ces manifestations. Mais le premier tour n’a été qu’une déception. Il a préféré parler avec ceux qui soutiennent le pouvoir et qui ne sont jamais allés au parc lors des manifestations. Ainsi que le disait Christian Amanpour, c’est comme si Barack Obama parlait avec Jennifer Lopez sur le problème «occupy wallstreet».
Bref, au deuxième tour, la rencontre avec les représentants de la plate-forme Gezi, qui a eu lieu jeudi 13 juin, est en effet plus légitime que celle de la veille. La nouvelle proposition déclarée après cette rencontre est la suspension des travaux de démolition du parc jusqu’à ce que la Cour prenne une décision définitive. Si la Cour refuse la démolition du parc, le projet de construction sur le parc Gezi sera abandonné. Mais si la Cour accepte le projet, ce dernier sera soumis au plébiscite et donc les habitants d’Istanbul pourront/Devront(?) voter.
« Si j’étais un dictateur, je ne ferais jamais un plébiscite »
Probablement Erdogan et ses conseillers n’ont jamais entendu parler des plébiscites lancés par Hitler et par Mussolini. Il devrait lire un petit peu l’histoire. En Allemagne, Hitler s’est fait plébisciter comme président en 1934, puis Führer («guide»). On a vu plusieurs fois, sous De Gaulle, des plébiscites organisés. Il est clair que Tayyip Erdogan ne sera pas le premier dictateur plébiscité. Le premier ministre turc pense que la démocratie n’est que l’expression de SA majorité. Si on vivait à l’époque Hellénistique, il aurait évidemment raison. Aujourd’hui, l’un des ennemis les plus dangereux de la démocratie est sans doute la tyrannie de la majorité.
« Ils ont bu de l’alcool dans la mosquée..! »
Comme disait Goebbels ; «Plus le mensonge est gros, plus il passe»
Il est très affligeant de voir qu’un premier ministre mente -même si nous y sommes habitués depuis fort longtemps- pour désigner et criminaliser des manifestants coupables de désaccords avec les autocrates, aux yeux bandés de la société.
Les premiers affrontements entre la police et les manifestants ont eu lieu près du bureau d’Erdogan à Istanbul.
Une mosquée s’est transformée en centre de soins par des médecins et des étudiants en médecine qui soutenaient la révolte, où des militants blessés étaient reçus pour y être soignés. Le Premier ministre et les journaux pro-Erdoganiste accusent les manifestants blessés de ne pas respecter le caractère sacré du lieu; ils sont même allés plus loin en accusant les militants d’y boire de l’alcool et d’y faire l’amour (Pourtant qu’y a t-il de plus beau que l’amour barricadier?). Les journaux ont diffusés quelques photos prises après cette nuit atroce montrant avec ostentation des canettes de bière jonchant le parterre de la mosquée. Bien évidemment ces images ont été manipulées, et ces canettes ont été déposées par des pro-Erdoganistes pour que les islamistes se rassemblent plus fort que jamais autour d’ Erdogan.
Deux jour après, l’imam de la mosquée, qui a observé les évènements pendant la nuit, a déclaré que les manifestants n’ont rien fait pour déranger la mosquée. Mais Erdogan et ses amis continuent à mentir pour manipuler leurs militants et malheureusement ils ont en grande partie réussi.
Erdogan tient à parler de «complot international»
Depuis le début des manifestations, Erdogan a dénoncé d’hypothétiques « complots d’intérêts politiques et économiques » derrière ces manifestations. Après avoir reçu le feu vert, les médias du très imaginatif Erdogan ont commencé à chercher les complots internationaux à peu près partout, y compris sous son propre lit.
Jusqu’à présent, on a eu le plaisir d’avoir entendu un « grand groupe », réunissant tous les pays depuis Israël jusqu’à l’Iran en passant l’EU et les USA, qui veulent arrêter/enrayer la marche des Turcs vers le paradis qu’est le « leadership » mondial. En quoi bon sang? En blagues d’organistes???
Le Premier ministre Erdogan qui joue de l’accordéon a perdu la tête et n’hésite pas à jeter le pays dans la guerre civile. On s’est toujours attendu à ce que la Turquie se divise en deux à cause du conflit Kurde. Toutefois, la Turquie est déjà divisée en deux camps; les islamistes et les laïcs.
C’est une guerre des cultures. Le « Kulturkampf » n’a jamais été aussi profonde qu’aujourd’hui. L’Histoire nous montre que les dictateurs font de la force le seul instrument de la grandeur. Mais ils sont condamnés à perdre tôt ou tard. Tayyip Erdogan va aussi perdre.
Tous les turques doivent se battre contre cette tyrannie coûte que coûte!
Beyithan Yurtseven
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L’association des médecins de Turquie à confirmé dans un communiqué l’utilisation de produits chimiques dilués dans les canons à eau..!
« La nuit dernière, mes amis un père et son fils de 13 ans, ainsi que des milliers d’autres personnes ont été la cible de gaz et de canons à eau. Ils avaient des brûlures sur le dos et des jambes et sous l’effet des gaz lacrymogènes, ils suffoquaient et crachaient du sang. C’est une guerre chimique du gouvernement contre son propre peuple. Il n y a pas de mot pour cette terreur, pas de mots pour exprimer cette tyrannie. Les milliers de personnes qui ont été touchées la nuit passée et celle d’avant auront probablement de graves séquelles sur leur santé au long ou court terme. » a témoigné un étudiant d’Istanbul.
Serait-ce le contenu des bidons que l’on voit ci-dessus qui causeraient ces brûlures?
Ces photos montrent un agent ajoutant un liquide dans le réservoir d’un TOMA, du « Jenix ». Un gaz poivré conçu en Turquie. Exclusivement réservé aux institutions publiques et aux autorités, ce bidon de 10kg est donc directement versé dans les TOMA.
Claudia Roth est la co-Présidente des Verts allemands. Elle était dans le parc Gezi à Istanbul au moment où la police turque a chargé pour faire évacuer les opposants. ARTE Journal l’a joint sur place…
Témoignage de la révolte populaire massive en Turquie
Quelque chose d’incroyable s’est passé en Turquie cette nuit. Tout a commencé avec une petite manifestation dans le parc Gezi contre son projet de démolition afin de construire un centre commercial à sa place. Ce parc se trouve dans le centre du quartier historique d’Istanbul, sur la place Taksim.
Cette place est aussi un symbole du mouvement ouvrier turc et, chaque année, au Premier mai, des confrontations entre la police et les manifestants se déroulent sur cette place. C’est un endroit important que nous voulons récupérer alors que les manifestations sont interdites dans ce parc. Défendre celui-ci est un enjeu considérable car nous ne pouvons pas accepter qu’il soit transformé en centre commercial. En outre, ce parc compte de magnifiques arbres très anciens, et c’est l’un des rares lieux verts de la ville.
Occupy Gezi
Tout a commencé donc avec un petit groupe de jeunes écologistes qui défendaient ces arbres. Ce rassemblement s’est maintenu et n’a cessé de grandir depuis le lundi 27 mai. La police a attaqué le groupe et les a repoussés. Vendredi matin, la police a mené une attaque très violente. Des personnes qui n’étaient pas dans la manifestation se sont jointes aux manifestants pour les soutenir.
Pendant toute la journée, la situation s’est aggravée, la répression policière s’est faite plus brutale encore ; gaz aux poivres, lacrymogènes, tirs avec des munitions en plastique dur, jets d’eau à très haute pression et des centaines de policiers. Nous avons eu très peur pendant toute la journée qu’il y ait de nombreux morts. Et c’est arrivé. Deux personnes sont mortes.
Cela a constitué le point de non-retour pour le peuple d’Istanbul. Grâce au fait que c’était vendredi en fin de journée, beaucoup de gens ont alors rejoint la place Taksim après leur travail. D’abord 10.000, puis 20.000 personnes, et leur nombre a augmenté, encore et encore. La police, encore très sûre de ses propres forces, a continué à attaquer brutalement la foule. C’était réellement un état de guerre. Pas loin de 250.000 personnes se sont alors rassemblées à Istanbul. Mais nous continuions à avoir peur que la police frappe encore plus fort, n’utilise de véritables munitions et multiplie le nombre de morts.
Et là, quelque chose de magique s’est produit. Des gens qui étaient conscients de ce danger ont commencé à défendre le peuple qui se battait à Taksim. Pendant ce temps, des manifestants de la place Taksim ont envahi d’autres rues. Dans le voisinage, des gens ont fait clignoter les lumières, puis en parlant entre eux, puis en sortant de chez eux. Tout s’est passé en quelques heures seulement… et maintenant, les manifestations ont gagné toute la Turquie.
Le gouvernement de l’AKP est remis en question
On dirait que personne ne dort cette nuit. Plus d’un million de personnes sont maintenant dans les rues d’Istanbul. Tout est bondé et les manifestants marchent à nouveau sur la place Taksim. A Ankara, le peuple marche vers le Parlement et dans les autres villes ils se dirigent sur les bâtiments de l’AKP (parti au pouvoir).
La police attaque de plus en plus lourdement et il y a une escalade dans l’usage de la force. Les gens sont d’abord arrivés en colère, mais deviennent de plus en plus confiant. Ils reculent un moment devant les gaz chimiques, mais continuent ensuite à marcher.
Le gouvernement de l’AKP est maintenant directement remis en cause. C’est la première fois que quelque chose de ce genre se passe en Turquie sous ce gouvernement. Encore hier soir, cela ressemblait à une sorte de mouvement « Occupy », mais maintenant, c’est une protestation populaire massive qui manifeste contre le gouvernement pour demander sa démission.
Taksim-Tahrir..?
Il faudra analyser plus avant la nature de mouvement, mais pour l’instant il semble évident que c’est un soulèvement pour la démocratie… Qui sait, peut-être que Taksim sera la prochaine Tahrir dans les jours qui viennent. Les revendications vont se construire à l’intérieur de mouvement.
Il y a le risque que le mouvement soit récupéré par la gauche réformiste nationaliste. Cet enjeu dépendra aussi des villes kurdes. Si elles se joignent au mouvement, ce qu’elles semblent commencer à faire, alors nous pourrions combiner ce soulèvement pour la démocratie avec un véritable processus de paix en Turquie. Peut-être que la paix ne pouvait arriver qu’avec un soulèvement de ce genre, et cela en dépit du fait que l’ouest du pays est dominé par des tendances nationalistes pour le moment.
Si on m’avait demandé hier matin si je pensais que quelque chose de cette ampleur allait se passer, j’aurais certainement répondu non. C’était magnifique de voir ce peuple prendre de plus en plus de confiance dans son pouvoir et dans son combat pendant qu’il résistait collectivement.
Les habitants des quartiers sont très solidaires avec les manifestants. Tous les commerçants essayent d’aider et de pourvoir le nécessaire pour les soins.
Il paraît qu’il y a plus de 150 policiers à Istanbul qui ont arrêté de gazer les gens et se sont joints aux manifestants et certains ont déclarés qu’ils démissionnaient de la police. Un chauffeur de bus qui était au volant d’un bus municipal a conduit son véhicule contre un blindé de la police pour le bloquer et créer une barrière entre la police et les manifestants.
Il y a tant d’espoir dans ce qui est en train de se passer !
Les femmes se rebellent ! Et vous ne nous arrêterez pas avec des gaz, des tanks et des matraques ! Les femmes résistent avec les autres groupes opprimés depuis deux jours. Travailleurs, Kurdes, LGBT, Alaouites, Musulmans, non-musulmans, athées et tous les opprimé(e)s, exploité(e)s, insulté(e)s et blâmé(e)s comme des « traîtres » sont en train de se rebeller en Turquie. La résistance qui a commencé dans le parc Gezi de la Place Taksim à Istanbul est en train de déborder sur de nombreuses autres villes.
Nous, les femmes, sommes sur le front de cette résistance. Nous rejoignons la rébellion parce que :
Le Premier ministre Tayyip Erdogan et sa clique ont cherché à promouvoir le lynchage des femmes par les hommes ;
Ils ont tolérés l’assassinat de femmes par des hommes avec leur loi sur les « provocations injustifiées » ;
Ils n’ont pas ouverts de lieux d’accueil pour permettre aux femmes d’échapper à la violence domestique des hommes ;
Ils ont stigmatisés les femmes violées et harcelées en les traitant d’immorales et de non-chastes ;
Ils ont mis la pression sur les femmes violées pour qu’elles accouchent des enfants issus de ces viols ;
Ils ont qualifiés l’avortement de meurtre ;
Ils n’ont pas ouvert de crèches mais ont imposés aux femmes de donner naissance à au moins trois enfants ;
Ils nous ont condamnés à la pauvreté, au travail précaire, aux emplois incertains et à vivre dans des conditions proches de l’esclavage ;
Ils ont définis le travail domestique comme le devoir des femmes ;
Ils se sont acharnés sur les femmes et les familles qui vivaient de manière indépendante des hommes avec leurs lois.
Mais nous, femmes, nous résistons !
Parce que le Premier Ministre Tayyip Erdogan et sa clique nous ont condamnés à subir l’oppression et l’exploitation des hommes, nous appelons toutes les femmes à descendre dans la rue et à se rebeller pour notre libération !
Socialist Feminist Collective
(*) j’avoue trouver ce titre zarbi, limite rabaissant, comme si il n’était pas évident que les femmes puissent être en premières lignes aux côtés des hommes…
Reblog d'un article de avanti4.be du 1 juin 2013 - Traduction française pour Avanti4: Sylvia Nerina
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Edit du dimanche 02 juin
Doruk, 31 ans, monteur
« Au départ, c’était qu’une petite lutte environnementale, juste pour quelques arbres, rien de plus. Juste une cinquantaine de personnes qui campaient dans un parc pour empêcher la construction d’un centre commercial. Et puis la police a attaqué les campeurs en pleine nuit. Ils ont brûlé les tentes et ça nous a tous rendu fous. Ce n’est pas une lutte politique, c’est un bras de fer entre la police et les habitants.
Si la police s’en va, tout ça va se calmer. C’est la seule solution. Il faudrait que le premier ministre s’excuse pour le comportement des forces de l’ordre mais je n’y crois pas. On a beaucoup encaissé ces dix dernières années. On n’en peut plus de ce gouvernement. Ils ont interdit la vente d’alcool après 22 heures il n’y a pas longtemps, ils passent des lois de plus en plus conservatrices. Jusqu’à maintenant on ne disait rien. Aujourd’hui, on veut montrer aux politiques qu’ils ne peuvent pas tout faire. »
Denis, 18 ans, étudiant
« C’était une action pour l’environnement, c’est devenu une guerre. Erdogan (le premier ministre turc) est trop conservateur. Nous ne voulons pas de la charia, nous ne voulons pas de femmes voilées, nous sommes des musulmans modernes. Etre musulman ce n’est pas être traditionaliste. Le chef de l’Etat fait peur, il suffit de regarder la télévision ces derniers jours : il n’y a que deux chaînes turques qui parlent des manifestations alors que, partout dans le monde, les médias en parlent ! Tayyip Erdogan veut nous imposer ses lois de plus en plus restrictives, il n’écoute pas son propre peuple, il attaque ses citoyens : nous ne voulons plus de lui. »
Deniz, 50 ans, banquière
« Il y a une semaine c’était un petit mouvement pacifique, à cause de la brutalité policière c’est devenu un énorme mouvement populaire. On en a marre de l’ivresse de pouvoir du chef de l’Etat. Utiliser des gaz contre quelques manifestants, juste parce qu’ils sont contre un projet décidé par le gouvernement, c’est une honte dans une démocratie. Où est la liberté d’expression ?
Ces derniers jours, c’est la première fois que le peuple turc se lève depuis plus de vingt ans. On peut remercier les réseaux sociaux qui ont éveillé les consciences des jeunes depuis quelques jours. Parce qu’on ne peut pas compter sur les médias pour dire la vérité. A la télé, les seules chaînes qui parlent de ce mouvement populaire disent que ce sont des activistes qui sèment la pagaille. C’est faux et ça il faut le dire au monde entier. »
Othar, 31 ans
« Je ne suis pas politisé mais je suis ici pour grossir les rangs de la contestation. Cela fait dix ans qu’on n’aime pas la façon dont le gouvernement nous traite, et on est restés endormis. Quand je vois tous ces gens dans la rue depuis plusieurs jours, je me demande pourquoi on n’a pas fait ça avant ! Les gens au pouvoir devraient nous représenter et nous protéger. »
Ergi et Sertaç, 30 ans, professeurs vacataires à l’université
« Chacun a une bonne raison d’être ici, nous n’avons pas tous les mêmes raisons mais nous avons une chose en commun : nous ne pouvons plus supporter la politique de notre gouvernement. Nous sommes là parce ce que nous en avons assez des villes transformées avec des grands projets immobiliers décidés par les politiques sans consulter le peuple. On en a marre de la violence qui augmente, on en a marre des lois liberticides qui passent en douce. La loi contre la vente d’alcool après 22 heures est l’exemple le plus récent mais il y en a d’autres ! L’histoire du parc est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Déjà, le 1er mai dernier, les syndicats n’ont pas eu le droit de manifester place Taksim, une place symbolique dans l’histoire du pays. Les policiers attendaient les manifestants et il y a eu des affrontements. C’est là que la prise de conscience populaire a commencé. On attendait depuis longtemps que la colère des gens explose. On y est, enfin ! »
Ces témoignages viennent de Rue89… je sais c’est pas le top comme référence… mais vu que les infos arrivent au compte goutte, on va pas faire les difficiles, hein.
Re-Edit du dimanche 02 juin
Émeutes massives contre le terrorisme d’État en Turquie
Après deux jours de protestation contre la gentrification urbaine de Gezi Park (le plus grand parc de la place Taksim, où les espaces verts sont sans cesse détruits), les gens en ont eu marre de la brutalité policière et de la violence.
Le silence des médias, qui augmente les histoires d’attaques contre le gouvernement et les libertés individuelles, répond aux objectifs de l’État qui essaye de tirer profit de la situation en Syrie et qui a transformé le récent conflit en émeutes. (sorry, la traduction de cette phrase n’est pas très clair…)
Les affrontements se sont poursuivis toute la journée et la nuit d’hier. Au moins sept personnes ont été tuées par les attaques de la police, des centaines ont été blessées, des centaines sont en garde à vue où ils sont battus et certains torturés.
Tous les temples du capitalisme ont dû fermer à Taksim. Il y a beaucoup de solidarité dans les rues, beaucoup de petits magasins, maisons, universités, toutes les pharmacies ont ouvert leurs portes aux manifestants. La Chambre des architectes et les bureaux d’ingénieurs turcs sont transformés en hôpitaux avec des médecins et des infirmiers bénévoles. Et ils soignent les manifestants blessés.
Dans de nombreux endroits à Istanbul, les postes de police ont été attaqués, de nombreux véhicules de police sont détruits ou incendiés. Des groupes fascistes ont été battus par des anarchistes. Les gens de la rive asiatique qui voulaient rejoindre les émeutes ont été bloqués par la police, mais ils ont marché après minuit, en traversant le pont du Bosphore à pied. Le premier ministre a blâmé les réseaux sociaux d’informer sur les meurtres, et il a ironiquement traité les personnes qui partagent ces informations de fascistes. (sic…)
La protestation s’est propagée dans toute la Turquie. Les gens sont dans les rues d’Ankara, Izmir, Eskisehir, Sakarya, Isparta et bien d’autres…
Ces protestations ne sont pas seulement pour le parc Gezi, comme les médias inféodés au pouvoir le clament. Les émeutes sont désormais l’expression de la révolte de centaines de milliers de personnes qui protestent contre l’oppression de l’État et contre la violence. Nous, en tant qu’anarchistes et en tant que révolutionnaires, avons été et allons être dans les rues, contre le terrorisme d’État et contre les violences policières.
Nous attendons des actions de solidarité de tous les anarchistes et anti-autoritaires dans le monde entier. Istanbul est partout et la résistance est partout contre le terrorisme d’État, la violence de la police et l’exploitation capitaliste.
Nous continuerons à diffuser des informations tant que l’émeute se poursuivra.
Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF)
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En ce moment. Le peuple réquisitionne des engins de chantier pour contrer les barrages des flics, les routiers bloquent les accès aux flics avec leurs camions, les gens montent des barricades de pavés et de briques, de très nombreux véhicules de flics sont détruits et/ou brulés!